Voilà déjà une semaine depuis mon arrivée à la Médina et je dois vous dire qu’en général, les choses vont bien. Mais comment vous décrire la Médina, lorsque vraiment, ce quartier est bien plus qu’un agrégat de choses et de personnes : c’est une énergie, voire une façon de vivre qui est tellement loin de ce à quoi je suis habitué, mais, jusqu’à présent, ça me plait beaucoup.
Parfois on ne se rend pas compte des particularités d’une place avant d’aller ailleurs. Il faut dire que depuis une semaine, je ne suis pas beaucoup sorti de la Médina. Mais hier, je me suis aventuré un peu à l’extérieur du quartier pour rejoindre une autre volontaire canadienne juste au nord, dans un arrondissement nommé Sacré-Cœur.
La rencontre s’est bien déroulée et ça a fait du bien de discuter avec elle en prenant une glace dans un petit resto de son quartier. Mais ce quartier est très loin du train de vie auquel sont habitués les Médinois. De belles villas clôturées bordent les larges rues bien pavées. Seulement quelques personnes sont visibles de la rue. Les belles voitures sont stationnées devant ces logis où habite une élite dakaroise plutôt aisée. Mais tout ça, ce n’est pas la Médina. Et pour dire vrai, cela ne me dérange pas du tout.
La Médina se trouve à être un des plus vieux quartiers populaires de Dakar. Sa construction remonte à 1914, lorsque l’administration coloniale, pour éviter la propagation de la peste, a décidé d’isoler les Sénégalais des blancs du Plateau (centre-ville). Depuis, ce quartier s’est forgée une identité et une façon de vivre très distincte.
Ici à la Médina, on se réveille le matin vers 6 h à l’appel de la prière qui émane des hauts parleurs de la mosquée Mausolé Seydou Nourou Tall, située à deux coins de rue. Ici, on entend des coqs et des moutons qui circulent dans les rues dès 7 h et on sent la fumée produite par les vieux taxis qui grognent et qui embouteillent déjà la rue principale. Et ce bruit (ou cette musique… :) se poursuit jusqu’aux petites heures du matin.
Ici à la Médina, il y a du monde partout! Pour un quartier qui n’occupe pas énormément de territoire, on y compte plus de 130 000 habitants. Cela peut sembler comme un chiffre normal pour une grande capitale, mais dans un quartier où les maisons font rarement plus de deux étages, ça fait du monde en masse à corder dans les maisons. Mais avec tant de gens, il est clair que les maisons débordent dans la rue et les rues dans les maisons.
Du matin au soir, les vieux comme les jeunes et même les enfants circulent et discutent sans cesse avec leurs voisins et leurs amis. Que tu sois de la famille ou non, tous reçoivent le même traitement. C’est ce qu’on appelle la « grande famille sénégalaise » et tout le quartier en fait partie! Tous sont la bienvenue chez soi à toutes les heures de la journée, pour discuter, pour dormir, mais surtout, pour manger. Parfois on se retrouve 12 personnes autour du même plat de thiéboudienne (riz au poisson), mais seulement 4 ou 5 sont de la famille (dans le sens canadien du terme). Et cette hospitalité sénégalaise, elle se vit à tous les jours à la Médina.
Il faut dire qu’ici à la Médina, on se sent en toute sécurité, car la grande famille sénégalaise est aux aguets pour ses membres. Et bien que je ne sois visiblement pas d’ici, les gens n’hésitent pas de me souhaiter un chaleureux « salaamaalekum » (bonjour!) en tendant la main, ou encore les enfants à leur manière, en criant « tubaab » (blanc!) en rigolant et en pointant du doigt.
Enfin, c’est à la Médina que l’on retrouve le rythme et le talent de Dakar. Que ce soit en foot ou en musique, on me dit que tous les grands du Sénégal (comme Youssou N’dour!) sont originaires de la Médina. Et à mon avis, ce n’est pas surprenant, puisque malgré les routes mal pavées, la saleté et la pauvreté qui pourraient initialement sauter aux yeux, on ressent dans ce quartier une authenticité qui ne se trouve pas ailleurs. La Médina, c’est le cœur et l’âme de Dakar et la porte d’entrée du Sénégal. Bienvenue!